Avec son exposition « New pop ! » Le Comédia, galerie d’art brestois, propose une vision actuelle de ce mouvement artistique né dans les années 50 au Royaume-Uni, mettant à l’honneur 18 artistes venus d’horizons différents.
Par Christian Charreyre
Si l’on revient aux origines, le Pop Art est « populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, jeune, spirituel, sexy, astucieux, glamour… une affaire qui rapporte beaucoup ».
C’est en effet la définition qu’en donnait en 1957 Richard Hamilton, l’un des fondateurs du mouvement.
Si le Pop Art est né en Grande-Bretagne, ce sont principalement les artistes américains comme Andy Warhol, Roy Liechtenstein et David Hockney qui ont fait sa réputation dans le domaine artistique. Trouvant son inspiration dans les icônes de la culture de masse (les bandes dessinées avec Mickey, le cinéma avec Marilyn ou les objets de la vie courante comme les boîtes de soupe), utilisant des techniques picturales novatrices (couleur vive et décalée par rapport à la réalité, à-plat et très marqués, graphisme très lisible), le pop art a touché un large public. D’autant que les productions en série ont rendu l’acquisition d’œuvre plus accessible. Enfin, le Pop-Art a mis l’humour, la dérision, le détournement au centre de la démarche artistique.
Un héritage bien vivant
Si le pop art a connu son apogée dans les années 60, il a conservé une influence majeure. « Le Pop Art est aussi certainement le phénomène artistique le plus foisonnant et vivace du 21e siècle tant il englobe de courants et de techniques. Actuellement, tout peut être qualifié de Pop Culture et de Pop-Art. Non seulement les référents varient selon les pays, mais aussi selon les générations », explique Adeline de Monpezat, la directrice artistique de la galerie qui a imaginé cette exposition réunissant les œuvres de 18 artistes autour des thèmes de la culture de masse et de la contre-culture. « Pop, c’est aussi un son, le bruit d’un bouchon de champagne, celui d’un pop-corn. C’est une petite explosion, c’est le boom dans l’art. Le nom de notre exposition « New pop et d’ailleurs un clin d’œil à la série culte de Paolo Sorrentino avec Jude Law et John Malkovitch : The new Pope et la toile In illo tempore créée spécialement par Jacques Blanpain pour l’exposition. »
Une vision très actuelle
Le Street Art est souvent considéré comme une expression moderne de l’Art Urbain. Speedy Graphito est ainsi l’un des premiers à avoir peint sur les murs des personnages issus de la culture populaire, des dessins animés de Disney et des comics. Une démarche dans laquelle s’inscrivent les pin-up de FenX ou encore Reso, les super héros de Yannick Michelet. Mais cette exposition permet également de (re)découvrir l’influence du mouvement sur d’autres courants. Grand représentant de la figuration libre. Richard Di Rosa expose deux sculptures issues des chansons populaires. Plusieurs représentants de l’Outsider Pop, qui associe cultures populaire et underground, prouvent que la démarche artistique et sociale est toujours bien vivace. Les aquarelles et les stencils board dans le style Old School du tatoueur Tiwan, les bustes de Mélanie Bourget, les dessins de Neila Serrano, l’univers du japonais Masayoshi Hanawa et les œuvres oniriques d’Erdeven Djess entièrement réalisées aux stylos à bille en illustrent la diversité.
Un art engagé
S’il s’inspire des produits de la société de consommation des années 50 à 70, le Pop-Art originel s’est aussi montré ironique, critique et politique. Une approche que l’on trouve notamment dans les toiles de Fred Ebami glorifiant les icônes noires de la musique, du sport et de la politique, les œuvres résolument féministes de Mounia Youssef ou les sculptures de la série Nouvelles Idoles de Vincent de Monpezat. Kiki Picasso, figure emblématique de la contre-culture à partir des années 70, fais le lien entre les anciens et les modernes en présentant des éditions de véritables affiches réalisées pour les séminaires de l’École des Hautes Études En Sciences Sociales sur le thème des drogues et de leurs usages dans nos sociétés.
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