Situés sur le territoire de l’Arsenal et réhabilités en 2016 par l’architecte Bruno Fortier avec l’Atelier de l’Ile, les quelque 35 000 m2 des Ateliers des Capucins révèlent la ville en tant que métropole, souligne Alain Lelièvre, directeur général d’un lieu aussi immense qu’hybride. « En favorisant, dit-il, les pratiques culturelles spontanées, sept jours sur sept jusqu’à minuit, cet espace de partage et de convivialité s’ouvre aux performances, aux événements sportifs urbains, skate et roller… C’est le lieu qui manquait à Brest pour accueillir les nouvelles cultures urbaines, sans oublier bien sûr le volet patrimonial de cette grande friche industrielle du XIXe siècle que les Brestois se sont réappropriée à travers cette fameuse ‘‘melting place’’. »
Dans cet élan patrimonial, l’espace d’art « Le Comœdia » s’est installé depuis 2019 dans un lieu mythique pour les habitants. Ancien théâtre dans les années 1950, puis cinéma en plein centre-ville de 1961 à 1991, le Comœdia est aujourd’hui devenu une galerie d’art contemporain atypique dans un écrin de théâtre à l’italienne Art déco. Réunissant plus de 5 000 visiteurs pour sa réouverture, elle organise sur près de 400 m2 quatre à cinq expositions par an. La prochaine, du 28 avril au 23 juillet 2022, est consacrée aux œuvres d’une dizaine de graffeurs, dont des artistes brestois comme Wen2 ou PakOne, représentés par la galerie. Pour la responsable du Comœdia, Lucille Fontaine, « à Brest peut-être plus qu’ailleurs, les graffeurs ont été tolérés et désormais l’art urbain fait partie de la ville avec ses nombreux spots autour du port notamment. Nous ouvrons aujourd’hui une seconde exposition dédiée au street art mettant en avant des talents locaux aujourd’hui reconnus en dehors de la Bretagne ».
L’été dernier, une trentaine de street-artistes investissaient l’ancienne Poste de Brest pour créer Le Spote, musée éphémère sur près de 4 000 m2 dans ce lieu emblématique en mutation. Défiant son image de « ville grise », Brest fait aujourd’hui appel aux couleurs des graffeurs et autres « calligraffeurs » pour reprendre le terme du talentueux Wen2, qui s’inspire toujours des chantiers de la métropole.