Que représentait Le Comœdia pour vous avant sa rénovation en Galerie d’art ?
Le Comœdia représentait un mystère, un lieu interdit et un rêve. Je l’ai toujours connu sous le prisme de mon père qui adorait ce lieu depuis son enfance et qui systématiquement, quelque soit son trajet dans Brest, circulait devant à pied ou en voiture. Il fallait toujours passer devant Le Comœdia et j’entendais toujours le vœu : « Un jour si j’ai l’opportunité, je reprendrai Le Comœdia ». Je ne comprenais pas sa fascination. Certes, la façade du bâtiment était remarquable, mais il passait toujours les films : « Emmanuelle, Midnight Express et Orange Mécanique » qui m’étaient interdits à cause de mon âge.
Racontez-nous son histoire, au sein de Brest ?
C’est un lieu mythique et une institution pour tous les Brestois. C’est un théâtre à l’italienne construit après-guerre par l’architecte Michel Ouchacoff qui a demandé au sculpteur Jean-René Debarre connu pour vouloir réconcilier la sculpture et l’architecture de réaliser les hauts-reliefs sur la façade et à l’intérieur de celui-ci. C’est le plus beau bâtiment de Brest avec son plafond sculpté où Poséidon émerge puissamment des flots.
Comment avez-vous eu l’idée d’y créer une galerie d’art contemporain ? Est-ce un rêve qui est devenu réalité ?
Un jour, le rêve du petit garçon s’est concrétisé et il réalise son « Cinéma Paradiso » : celui de faire renaître ce lieu si cher aux habitants de la ville. L’idée de créer une galerie d’art contemporain a germé pendant la rénovation du Comœdia. Nous souhaitions qu’il garde une vocation liée à la culture et comme nous sommes tous passionnés par l’art dans la famille, cela est devenu une évidence bien qu’à contre-courant des pratiques du secteur qui se développe aujourd’hui presque uniquement sur internet. Créer une galerie d’art contemporain en France et aussi éloignée de Paris est un véritable défi.
Le Comœdia est un lieu majestueux, décrivez-nous sa configuration ?
La Galerie d’art Le Comœdia est un lieu unique représentatif du style des années 1940. Nous avons non seulement conservé tous les éléments patrimoniaux de l’architecture d’origine (sa configuration en théâtre, son balcon, son orchestre, ses sculptures), mais nous l’avons magnifié en blanc et or pour accentuer le côté Art Déco. L’éclairage a été très travaillé, un puits de jour a même été créé. C’est un écrin qui révèle autant le lieu que les œuvres des artistes proposés à la vente.
Comment choisissez-vous les thématiques des expositions ?
Nous fonctionnons avec un comité de sélection qui choisit parmi les thèmes que je propose. Puis, j’explore la thématique, les différents mouvements artistiques associés en peinture, sculpture, street-art… Je définie les lignes directrices et artistiques de la future exposition-vente; ce qui me permet d’intégrer les artistes de la galerie qui correspondent et je vais chercher les artistes que je trouve essentiels à la thématique qu’ils soient célèbres ou émergents. Il y a toujours des artistes du territoire. Il est primordial de montrer que la Bretagne regorge d’artistes contemporains de haut niveau et que notre région ne se limite pas aux « Marines » et à « Pont Aven ». Notre leitmotiv : diversité et démocratisation ce qui se traduit tant au travers de nos sélections d’œuvres peintures, sculptures, gravures, photographies; que par le choix des artistes : émergents, internationaux dans l’optique de proposer un éventail très large de prix pour démocratiser l’accès à l’art. Tout le monde doit pouvoir commencer une collection d’art contemporain.
Beaucoup d’entres eux sont internationalement connus et ont fait l’Histoire de l’Art, quel est le regard qu’ils portent sur le lieu ?
« C’est une dinguerie ! » Tous, de Miss Tic à Soly Cissé en passant par Richard Di Rosa, Miguel Chevalier ou Speedy Graphito ont cette même réaction et sont enthousiastes de contribuer à la notoriété de la galerie d’art et que l’on propose de vendre leurs œuvres. De mon côté, c’est tout aussi dingue de côtoyer en direct ces immenses noms de l’art.
Le plus beau compliment qu’un visiteur ou un artiste vous ai fait sur le lieu ?
Au-delà des compliments, le plus beau moment est lorsqu’un visiteur se transforme en acquéreur. Qu’il achète une œuvre d’art pour l’installer chez lui, dans son bureau ou qu’il l’offre, à cet instant précis, il devient un mécène et permet de faire vivre un artiste de son art.
Retrouvez cet article en intégralité dans le Magazine Reines et Rois de septembre 2021