Pour la première fois, le Comœdia Espace Art réunit une sélection d’artistes exclusivement féminines, du 10 septembre au 26 décembre 2020, à Brest. Il met douze femmes à l’honneur.
Artistes engagées ou pas, elles seront douze peintres et sculptrices, de la scène émergente à la scène internationale, à exposer leurs œuvres à partir de ce jeudi 10 septembre 2020, au Comœdia à Brest (Finistère).
Miss Tic, Nelly Sanchez remettent en cause les stéréotypes des genres, tandis que Florence Lemiegre sublime, à travers ses culbutos en équilibre précaire, la résilience des femmes face aux violences subies. « Mes œuvres en faïences ou en grès sont l’expression de nos fragilités. Ces traumatismes, ces failles et ces faiblesses sont aussi des forces qui nous permettent de continuer à avancer et de tenir en équilibre », explique Florence Lemiègre.
Le Collectif Trois tisseuses de liens s’attache à transformer le savoir-faire féminin ancestral du crochet en œuvres d’art aériennes et oniriques.
Françoise Pétrovitch, Neila Serrano et Karine Chaudé préfèrent explorer l’identité et l’intime, tandis que Cali Rezo et Catherine Aertz-Wattiez se focalisent sur le ressenti des émotions par l’abstraction. Autodidacte née en 1986, Neila Serrano croque ses portraits avec la spontanéité des artistes hors cadre. « Le dessin est pour moi une deuxième langue. Celle que j’utilise quand la parole me manque, que je n’ai plus les mots. J’aime également transformer mes erreurs sur la toile en accident volontaire et assumé ».
Quant à Martine Kerbaol et Nansky, elles travaillent plutôt sur l’insouciance, l’ingénuité et la candeur de l’enfance. « Les plages de Normandie ont alimenté mes rêves d’enfant et j’aime travailler aujourd’hui leurs couleurs, confie Nansky. J’ai rêvé toute mon enfance et mon envie est maintenant de faire rêver les autres… »
Une Exposition engagée
« La volonté du Comœdia est de mettre en lumière la diversité des femmes, la pluralité de leurs œuvres et de leurs techniques, explique Adeline de Monpezat, responsable de la programmation du Comœdia. C’est aussi une façon de participer à la reconnaissance indiscutable de la femme en tant qu’artiste à part entière. » Un chemin encore long.
« Être une femme reste un critère discriminant en tant qu’artiste, même en Bretagne. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 48 % des artistes en Bretagne sont des femmes mais seulement 33 % d’entre elles sont exposées. Quant à leurs revenus artistiques, ils sont deux fois inférieurs à ceux de leurs homologues masculins et aucune femme n’apparaît dans le classement des revenus supérieurs à 30 000 €.
Longtemps ignorées et oubliées sur le marché de l’art et dans l’histoire de l’art, les femmes ont plus de visibilité depuis une vingtaine d’années dans les musées et les galeries. Mais il reste encore beaucoup à faire… « Savez-vous que la première femme élue à l’Académie des Beaux-arts a été Jeanne Moreau en 2000 ? » poursuit Adeline de Monpezat.
Pour faire découvrir ces œuvres, le Comœdia propose deux visites privées commentées d’une heure, sur inscription, tous les samedis à 9 h 30 et 11 h, à partir du 12 septembre. Tarif 10 €. Les 203 œuvres mises en vente vont de 60 € à 22 000 €.
Exposition Féminae, du jeudi au samedi, de 14 h à 18 h, au Comœdia Espace d’art, 35, rue du Château à Brest. Entrée libre.
Retrouvez cet article en intégralité sur le site du journal Ouest-France