Pour la neuvième exposition qu’elle organise dans la magnifique galerie d’art brestoise du Comoedia, Adeline de Monpezat choisit de mettre exclusivement à l’honneur des artistes contemporains originaires de Bretagne. Un retour aux sources régionales après deux grands moments consacrés à l’art africain et au Pop Art mais aussi une ambition affirmée de sortir des clichés trop souvent répandus quand il s’agit de peinture bretonne. Jusqu’au 16 avril, pas moins de 170 peintures et sculptures émanant de dix peintres, plasticiens ou sculpteurs, voisinent sur les murs et dans les coursives de l’ancien théâtre à l’italienne. Tête d’affiche, le magicien de la lumière Yann Kersalé ne montre cette fois ni ses créations électriques, ni ses illuminations architecturales monumentales mais, en un registre bien différent, des peintures et croquis plus intimes émanant de ses carnets. Ces œuvres inédites montrent une autre face de l’artiste, attentif à des paysages urbains saisis dans leurs détails les plus ténus, les plus émouvants. Autre artiste talentueuse, Kathy Le Vavasseur travaille une grande variété de matériaux pour donner naissance à des sculptures hantées par la forme courbe, la légèreté, la fluidité, l’élasticité. Des chutes de collants enveloppent parfois de leur maille soyeuse ses créations envoûtantes que l’on avait déjà pu admirer à Quimper, en 202, l’occasion de l’exposition dédiée aux trente ans du musée de la faïence. Bien connu pour ses paysages marins, ses bleus splendides, Matthieu Dora offre de parfaites déclinaisons de rocs lointains l’horizon, masses abruptes émergeant de l’océ Le regard s’égare jusqu’au plus lointain, saisi par le mélange de rudesse et de grâce d’une peinture refuse la simplicité de la reproduction figurative ou photographique pour affirmer, à rebours, analyse des lieux, comme en un singulier pact tripartite scellé entre la mer, le temps et le peintre.
A.-G.M.
Nouvelle Vague bretonne, galerie d’art Le Comedia, 35, rue du Château.
Jusqu’au 16 avril.