Tout comprendre du Pop Art

Tout comprendre du Pop Art

De la naissance du Pop Art à ses ramifications actuelles

Contrairement à ce que l’on entend souvent, le Pop Art n’est pas né aux Etats-Unis dans les années 1960, mais au Royaume-Uni à la fin des années 1940, avec une création graphique qui mettait en avant une jeune femme sexy et une célèbre marque de soda : « I was a rich man’s plaything », collage d’Eduardo Paolozzi (1947).

Aujourd’hui encore, cette œuvre continue d’inspirer les plus grands artistes de l’Art contemporain, tant en sculpture qu’en peinture : Speedy Graphito avec son œuvre Suprem, sublime l’idée de société de consommation, en laissant apparaître les logotypes de marques telles que Chupa Chups, en faisant référence à la culture populaire mondiale de Disney avec l’apparition du personnage Filament et en reprenant le symbole des cerises, déjà présent dans la création graphique de 1947. Un revolver, placé au centre de la composition, rappelle l’onomatopée «  pop » du bruit de l’explosion.

Dans son œuvre La Mère, tirée de la série Les Nouvelles Idoles, Vincent de Monpezat fait également référence au champ visuel du Pop Art : le Pittbull sculpté est traversé de flammes d’acier, le tout reposant sur un miroir de signalétique routière jaune et noir. A l’intérieur du crâne de la créature repose un revolver, dont la dangerosité est souligné par un fond phosphorescent et de longs poils noirs, contrastant avec la fourrure orange « flammes à la Van Gogh » de l’animal.

La société de consommation et sa violence sont souvent dénoncées par les artistes dans leurs œuvres. Nelly Sanchez souligne par exemple dans son collage surréaliste Société de consommation la dé-personnification des individus dont l’identité est niée, ainsi que le corps relayé au rang d’objet du désir et non partie inhérente de l’être.

Fred Ebami, reconnu comme Pop-artiste international, souligne pour sa part l’importance des héros de la société civile, ceux qui ont fait bouger les lignes et qui n’ont pas eu peur de s’opposer aux diktats et aux injustice de notre société.

Quant à Mounia Youssef, ses créations graphiques dénoncent l’irrespect porté aux femmes et les appellent à s’émanciper des codes que la société leur a trop souvent attribué de manière arbitraire et unilatérale.

Mais, si le consumérisme et les règles sociales sont rejetés par le Pop Art, l’ambivalence du mouvement réside chez certains artistes qui glorifient, tout autant qu’ils dénoncent, la marche du monde moderne et la sexualisation des genres.

L’artiste Athéna Menekratis reprend par exemple les visages de célébrités adulées, comme Marilyn Monroe ou Serge Gainsbourg et substitue aux traits de leurs visages les paroles de leurs chansons les plus célèbres ou des titres de films. La Javanaise figure sur le visage de Serge Gainsbourg, donnant vie à ce personnage qui a marqué la chanson française.

De leurs côtés, FenX et Reso revisitent les pin-up et se penchent sur le tracé et les courbes du corps des femmes, qu’ils jugent plus sensuel et intéressant à travailler. Si Reso mêlent à ses personnages féminins aux traits fins et précis des références au Pop Art, comme dans l’œuvre Memories de la série Vous les Femmes, FenX utilise des couleurs primaires pour mettre en avant un jeu de lignes et de courbes. Pour la toile Plijadur a zo bet, le street-artiste international a utilisé le noir pour les corps de ses sujets féminins, qui sont relevés par des lignes bleues et l’apparition de la marque Lucky Strike en trame de la toile.

Culture populaire et contre-culture

Autre composante essentielle du Pop Art, la culture populaire et la consommation de mass-medias par les artistes, qui vont utiliser des sujets et thématiques de ces références dans leurs travaux.

Le peintre Yannick Michelet donne vie au Capitaine Hadock ou aux figurines Lego sur ses affiches publicitaires récupérées auprès de grandes enseignes ou dans la rue. Le grand sculpteur Richard Di Rosa, cofondateur du mouvement de la Figuration Libre dans les années 1980, supprime quant à lui les frontières érigées entre les arts, en interprétant en volume des chansons populaires (voir notre article La Musique de Richard Di Rosa par Yves Bosseur), comme c’est le cas avec la sculpture Moderato, tirée d’une mélodie du groupe rock Les Têtes Raides.

La contre-culture a également un rôle fondamental dans le Pop Art, car elle rejoint l’idée de dénonciation d’un système en place. A l’instar des petits montres de Masayoshi Hanawa, Jacques Blanpain a réalisé pour l’exposition-vente New Pop une toile colorée qui ne se veut pas Pop Art, mais qui le devient à sa lecture. In Illo Tempore (en ces temps-là) nous fait traverser trois siècles d’histoire catholique et de sexualisation, mettant en avant le mercantilisme de l’église de Rome et le paradoxe qu’on peut y voir. Ses personnages, figurines de cire vendues aux touristes sur la place Saint-Pierre, sont volontairement grimés de manière outrancière et sont en décalage avec la réalité de la papauté.

Kiki Picasso, fondateur de Bazooka, apporte quant à lui de la provocation et un décalage certain par ses illustrations de séminaires de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. L’artiste, qui est peu présent en galerie, illustre depuis 2016 les affiches officielles des séminaires de sociologie et d’Anthropologie. A des sujets extrêmement sérieux comme celui de l’addiction et celui de la réduction des risques auprès des usagers et ex-usagers de drogues, Kiki Picasso pose le débat. De son côté, Neila Serrano, consacre son travail à percer à percer le mystère de l’âme humaine à travers deux punks qui s’embrassent, dans l’œuvre Punk Love.

De la marginalité, la singularité, à la rue, le Pop Art a trouvé son chemin : l’outsider pop. Ce Pop Art non officiel, non reconnu pendant longtemps, est aujourd’hui un courant à part entière du mouvement.

A travers l’outsider pop, les artistes abordent notamment le thème du tatouage, comme c’est le cas chez Mélanie Bourget ou Tiwan. Servant depuis l’Antiquité à marginaliser une partie ciblée de la population, pour leur appartenance à une classe sociale ou pour leur métier, le tatouage est devenu un accessoire indispensable de mode et la singularité réside aujourd’hui chez celui qui n’en arbore pas.

La Psychose ou le strip-tease, l’onirisme sont des thèmes particulièrement apprécié d’Erdeven Djess, qui travaille exclusivement au stylo bille et nous entraîne dans des univers parallèles entre rêve, fantasme et cauchemar, comme dans Psycho’Déclic.

Dans la continuité du Pop Art : le street-art

Par son lien étroit avec la rue et la culture populaire, par les thèmes abordés, le street-art se place en filiation directe avec le Pop Art. Julien Soone, street-artiste reconnu, le démontre avec ses céramiques sur plaques de métal dont le personnage central est un samouraï, rappelant la J Pop et la culture manga.

Quant à Chanoir, street-artiste international d’origine colombienne, ses toiles nous renvoient au cœur des années 1990, où la « tenue correcte exigée » par la rue est un hybride baggy-jogging-baskets-casquette et où les néons des grandes villes veillent toute la nuit sur les graffeurs, à l’instar de la toile Chanoir Graffiti Club.

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