Eduardo Arroyo, né en 1937 et mort en 2018, à Madrid, est un peintre, graveur, sculpteur et décorateur de théâtre, représentant majeur de la Figuration narrative et de la Nouvelle figuration espagnole, qui se développa en Europe au début des années 1960.
Ses tableaux traitent de l’exil, des assassinats politiques, des complicités dont bénéficia le régime de Franco, des espagnolades qui masquaient la réalité fasciste de l’Espagne et des bases américaines qui soutenaient l’impunité du dictateur.
Madrid Paris Madrid
Comme de nombreux artistes espagnols hostiles au régime de Franco, Eduardo Arroyo a dû fuir son pays et trouver refuge à Paris.
Dans son aquagravure Madrid Paris Madrid, l’artiste met en avant un homme, dont on ne distingue que la silhouette. Des cordes, qui lui entravaient les bras, ont été coupées, rendant à ce personnage sa liberté.
Par le titre de l’oeuvre, on comprend que ce personnage est en transit, pris entre deux capitales : Madrid, d’où l’homme est originaire et où il aimerait revenir, et Paris, qui l’accueille.
Eduardo Arroyo illustre, par cette aquagravure, son exil dans la capitale française pour fuir le régime dictatorial de Franco : un mal du pays certes, mais une liberté retrouvée.
Brelan
Le Brelan, utilisé de nos jours comme combinaison au poker, est à l’origine un jeu de hasard composé de trois cartes.
En apparentant les personnages de son oeuvre aux cartes du Brelan, Eduardo Arroyo réalise une belle métaphore ayant pour objectif de nous rappeler comment, sous Franco, les milices pouvaient être imprévisibles et cruelles.
Cette aquagravure est également une belle métaphore de la situation politique internationale durant la Guerre Froide, période où les jeux de dupe et les hypocrisies politiques faisaient foi au sommet des Etats.