Emanuel Bovet
Biographie
Emanuel Bovet, en découvreur ou voyageur insatiable, puise son inspiration depuis 1981 dans les situations humaines. Au fil de son parcours, son regard sur le monde, chargé d’une émotion intimiste, d’une sensibilité poétique, expose des interrogations universelles. Les rencontres surprenantes, les instants saisis dans une apparente apesanteur, lui confèrent une vision singulière, paradoxale, discrète et surtout exigeante.
«En 1984, Le Punk flirte avec le Hip Hop. L’Angleterre exporte ses New Romantics et la New Wave. La House Music de Chicago commence tout doucement à faire son chemin vers New York dans les meilleurs clubs, Sound Systems et DJ’s. Une culture urbaine apporte sa différence et ses références. Afrika Bambaataa sample Kraftwerk. The Clash collabore avec Futura 2000 et s’inspire de GrandMaster Flash. À Paris en mai, je participe à des happenings clandestins regroupant les artistes précurseurs exhibant leurs œuvres dans des lieux confidentiels à la merci de la police. Une nuit à Gambetta, Blek le Rat affiche ses premiers rats en pochoirs.
Une autre fois, j’allais gravir les toits de Ménil pour immortaliser les hommes blancs de Jérome Mesnager. Une journée du patin est organisée à Paris pendant qu’Afrika Bambaataa inaugure la Zulu Nation et les premiers slams en France aux Bains Douches.
À New York, en Août 84, je rejoins le quartier d’East Village à NY à deux pas de la fameuse «Fun Gallery» au 229 East 11th Street, pionnière pour exposer des graffiti-artists émergents : Kenny Scharf, Fab Five Freddy, Futura, Ero, Mint, Zephyr, Rammellzee, Dondi… et plus reconnus comme Basquiat ou Keith Haring. Je rencontre Futura 2000 dans son atelier, puis Ero, Stephano dans l’East Side d’où émergeait la plupart des œuvres éphémères, livrant à chaque fois une surprise sur les murs de la ville.»
Les photographies d’Emanuel Bovet, celles prises à New York et Paris en 1984, témoignent de son œil curieux et de son intérêt pour tout ce qui l’entoure. Néophyte en graffiti, il a pourtant su capter la moindre intervention murale, le moindre geste en rue et l’atmosphère qui planait alors de Paris à New York. Preuve d’une émulation et d’une vie qu’on ne pouvait ignorer. Il aura fallu attendre plus de 40 ans pour qu’on lui concède enfin une reconnaissance qui lui est due.
Photographe d’art, ses œuvres sont dans la collection d’Agnès B.